De community ruimte is een vrije online ruimte (blog) waar vrijwilligers en organisaties hun opinies kunnen publiceren. De standpunten vermeld in deze community reflecteren niet noodzakelijk de redactionele lijn van DeWereldMorgen.be. De verantwoordelijkheid over de inhoud ligt bij de auteur.

Touria Aziz and

Une journaliste critique, risque une peine de prison pour un avortement qu’elle n’a pas subi

donderdag 26 september 2019 11:52
Spread the love

Le 31 août, le jour où débute le cauchemar pour la journaliste Marocaine, Hajar Raissouni, qui a été arrêté avec son fiancé après avoir quitté une clinique gynécologique à Rabat. Le médecin gynécologue obstétricien, son assistant et la secrétaire administrative de la clinique ont également été arrêtés.

Les invitations à leur fête de mariage étaient déjà envoyées, ils allaient se marier le week-end du 14 et 15 septembre. Mais au lieu d’être entourées de leurs amis et des membres de leurs familles, Hajar Raissouni et son fiancé, un professeur d’université Soudanais, Rifaat al-Amin, sont dans une cellule chacun de son côté.

Hajar Raissouni est accusée d’avortement et des relations sexuelles hors mariage. Les deux sont illégaux au Maroc, mais le second est souvent utilisé pour s’attaquer à des opposants et des critiques du régime. Raissouni risque une peine de deux ans de prison. Son avocat parle d’un climat de terreur. En prison, elle a subi un examen gynécologique forcé. “Une humiliation qui revient à la torture”, a déclaré l’avocat de Raissouni.

La journaliste a écrit une lettre de sa cellule, expliquant que les accusations avaient été montées de toutes pièces et que sa fonction de journaliste critique était à la base de l’excès de zèle du pouvoir judiciaire et de la police.

Raissouni dit, elle, qu’elle a été soignée à la clinique pour une hémorragie interne. Après son arrestation, elle a subit un interrogatoire sur des articles qu’elle a écrit. Raissouni écrit pour Akhbar Al-Yaoum, l’un des rares médias indépendants au Maroc. L’année dernière, elle s’est fait remarquer par ses reportages sur Hirak, le mouvement de protestation de masse dans la région du Rif. Elle a par exemple interviewé Ahmed Zefzafi, le père de Nasser Zefzafi, qui a dirigé les manifestations dans la région du Rif et son oncle Ahmed Raissouni qui est un théologien éminent.

Taoufik Bouachrine, rédacteur en chef de Akhbar Al-Yaoum, le journal pour lequel Hajar écrit, a été condamné l’an dernier à 12 ans de prison pour viol, notamment. Amnesty International et le Conseil des droits de l’homme des Nations unies demandent sa libération.

Bouachrine aurait également payé un lourd tribut à son journalisme critique. Son processus était certainement gênant. Par ailleurs quatre femmes identifiées comme victimes par le pouvoir judiciaire ont déclaré qu’elles n’avaient rien à voir avec l’affaire et l’une d’elles a finalement été condamnée à la prison pour avoir accusé la police d’avoir falsifié sa déclaration.

Les organisations de défense des droits de l’homme condamnent également fermement l’arrestation et les poursuites de Raissouni. «Les arrestations sont totalement injustes et les accusations constituent une ingérence honteuse dans la vie privée de Raissouni», a déclaré Heba Morayef d’Amnesty International.

Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’association marocaine des droits humains AMDH, était également très en colère; “Hajar a été victime d’un lynchage médiatique qui ne visait pas à sanctionner l’avortement, mais à la prendre pour cible en tant que journaliste.”

Mohammed VI règne au Maroc depuis 20 ans cet été. Sa politique constituerait une rupture avec la politique répressive impitoyable de son prédécesseur Hassan II. Selon Khadija Ryadi, ce n’est qu’un simulacre. «Entre la grande révolte étudiante de 1965 et les années 90, nous avions les années de plomb au Maroc. C’était une période de répression sévère avec des nombreuses arrestations et des disparitions de militants. Ce temps est derrière nous en effet, il n’y a plus de répression aussi lourde. Mais c’est seulement parce qu’on a moins besoin de cette forme de répression”, a déclaré Ryadi à DeWereldMorgen.be début août, avant l’arrestation de Raissouni.

«Au cours de ces années de plombs subsistaient des organisations fortes qui constituaient une menace pour le régime. La population était politisée, les syndicats étaient puissant et l’opposition était réelle. Aujourd’hui c’est différent, les quelques partis qui ont encore de la crédibilité sont très petits. Il n’y a plus d’organisations ou de mouvements puissants.

Mais il existe un autre type de répression qui a les mêmes résultats avec d’autres moyens. Il est impossible de critiquer ou de parler de sujets sensibles. Il y a des personnes qui sont actuellement en prison pour avoir publié quelque chose sur Facebook.

Et puisqu’il n’y a pas de réelle opposition et que la population est maintenue dans les rangs par la  propagande à la télévision, cette répression est suffisante pour le moment. Quelqu’un a dit un jour que dans le temps ils avaient besoin d’un officier de police dans chaque maison, aujourd’hui cet agent est dans l’esprit de chaque citoyen marocain. ”

Raissouni est la énième victime de cette répression. Heureusement, elle reçoit beaucoup de soutien. A chacune de ses  comparutions devant le tribunal, des gens descendent dans la rue. Les accusations contre Raissouni ont également suscité un débat sur la légalisation de l’avortement.

Creative Commons

take down
the paywall
steun ons nu!