CONTRE-SOMMET ET MANIFESTATION À LISBONNE
L’après-midi du 20 novembre, plus de 30.000 personnes ont manifesté dans le centre de Lisbonne contre le sommet de l’Otan et pour le démantèlement de l’Otan, suite à une campagne organisée par le Conseil Portugais pour la Paix et la Coopération et le Conseil Mondial pour la Paix (dont intal est membre). Un contre-sommet a eu lieu la veille. Intal y était.
Le soleil brillait sur Lisbonne lorsque les manifestants se sont mis en branle vers 15h ce samedi après-midi. Les organisateurs n’avaient pas osé parier sur le nombre de participants vu la campagne de presse ayant présenté la manifestation comme «dangereuse ». Mais des milliers de manifestants ralliaient constamment la manifestation dans l’avenue de la Liberté, une sorte de Champs-Elysée portugaise, au centre de Lisbonne.
La manifestation était organisée par la plateforme « Oui à la paix, non à l’Otan », signée par 107 organisations portugaises.
Visiblement, l’Otan n’est pas populaire au Portugal. Les gens n’ont pas oublié le soutien de l’Otan à la dictature militaire au Portugal et ses guerres coloniales à laquelle la révolution des oeillets a mis fin en 1974. Organiser ce sommet de l’Otan à Lisbonne, qualifié par son secrétaire générale, le Danois Rasmussen, comme un des plus importants de son histoire, est considéré par des Portugais, surtout les plus âgés, comme une provocation.
Les slogans les plus entendus et vus sur de nombreux pancartes étaient « l’Otan, fabrique de la mort », « dissolution de l’Otan », « Fin des armes nucléaires ». Mais aussi des slogans en soutien à la Palestine, contre les bases militaires, en soutien au 5 Cubains et contre les guerres en Afghanistan et en Irak. Souvent entendu également: « de l’emploi, pas la guerre », surtout par les syndicalistes du CGTP, présents en masse.
La manifestation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant grâce à un service d’ordre bien organisé et des manifestants bien disciplinés. La majorité écrasante des participants étaient des Portugais, mais il y avait également nombre d’Espagnols.
A la fin de la manifestation, la police s’est livrée à une démonstration de force impressionnante face à des centaines de jeunes voulant poursuivre la manifestation. Le matin, quelques activistes se sont enchainés près de l’endroit du sommet avec quelques arrestations à la clé. Les jours précédents, 152 activistes se sont vu refoulés du territoire portugais.
Finalement, les organisateurs se sont montrés très satisfaits de la mobilisation: la police a annoncé 30.000 manifestants, les organisateurs ont compté 40.000 participants.
Un contre-sommet se penche sur « le nouveau concept stratégique » de l’Otan
La veille de la manifestation, le vendredi 19 novembre, une rencontre internationale était organisée par le Conseil Portugais pour la Paix et la Coopération et le Conseil Mondial pour la Paix à Almada, une ville du cordon rouge autour de Lisbonne, dirigée par le Parti Communiste Portugais. Quelques 120 personnes, issues de mouvements pacifistes de 15 pays, y ont assisté.
Beaucoup d’ intervenants ont insisté sur le caractère agressif de l’Otan dès sa naissance en 1949 et sur son caractère même encore plus réactionnaire après la dissolution du Pacte de Varsovie. Il a été dénoncé la manière antidémocratique dont le nouveau concept stratégique, qui aura de lourdes conséquences pour les dix ans à venir, est élaborée. Cette question n’a été discutée dans aucun parlement, ni en Belgique ni dans aucun autre pays membre de l’Otan. Le nouveau concept, élaboré sous la direction de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, impliquera plus d’interventions dans un rayon toujours plus large et avec encore de nouveaux prétextes (approvisionnements énergétiques, changements climatiques, menaces démographiques,…).
Un orateur a souligné que ce sommet risque d’être une fuite en avant car « on ne prépare pas la paix en fabriquant des armes ». Le budget militaire américain atteindra cette année la somme faramineuse de 740 milliards de dollars. Plusieurs intervenants ont souligné que cet argent serait beaucoup mieux consacré à des besoins sociaux. Un participant serbe a fait remarquer que le Balkan est beaucoup plus instable maintenant qu’avant 1999, année de l’intervention de l’Otan contre la Serbie.
Babis Angourakis, du Parti Communiste de Grèce, s’est posé la question pourquoi l’Otan avait besoin d’un nouveau concept stratégique puisque le nouveau ne sera pas si différent du précédent. A son avis, l’ancien concept a échoué en Afghanistan, en Irak ou en Somalie.
En représentant intal, nous sommes intervenu pour attirer l’attention aux conséquences humanitaires catastrophiques des guerres en Irak et en Afghanistan. Nous avons averti que le prochain théâtre majeur d’affrontements pourrait bien être l’Océan indien où les Etats-Unis tentent de contrer la montée de la Chine et de l’Inde afin de préserver sa domination mondiale.
(Photos: Monked Mroue)
Bron : Wimdc/ Luc Vancauweberge
Luc Schrijvers is lid van Intal.