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“Le fantôme de Copenhague hante déjà Durban…”
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“Le fantôme de Copenhague hante déjà Durban…”

vrijdag 15 april 2011 13:12
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Représentant de la Jeunesse flamande pour le Changement Climatique au sein du ‘Flemish Youth Council’, Brendan Coolsaet nous présente le travail qu’il effectue au quotidien et partage sa vision du Sommet de Cancun, auquel il a personnellement assisté dans le cadre de ses fonctions. 

Pouvez-vous tout d’abord nous en dire plus sur le Flemish Youth Council et sur votre action au quotidien en tant que délégué aux questions climatiques ?

Le Conseil de la Jeunesse de la communauté flamande est l’organe officiel d’avis pour les politiques de jeunesse de la Communauté Flamande de Belgique. En fonction des avis récoltés chez les jeunes sur le terrain et les organisations de jeunesse membres il interpelle et émet des avis concernant les politiques de jeunesse. Le Gouvernement Flamand est tenu de consulter le Conseil pour toute prise de décision concernant les jeunes. Il est donc en quelque-sorte la voix des jeunes flamands et de leurs organisations auprès du Gouvernement Flamand et Fédéral. 
Pour se faire entendre au travers de la Communauté et sur les Forums internationaux le Conseil s’appuie sur ses représentants volontaires, qui sont élus et détiennent un mandat spécifique et sont souvent soutenus par un groupe de travail, également composé de volontaires. De cette manière, le groupe de travail « Climat » a soutenu mon mandat de Représentant de la Jeunesse Flamande pour le Changement Climatique. Le conseil compte une 60aines de représentants nationaux et internationaux, couvrant des domaines aussi divers que le travail, la mobilité, le développement durable, le climat, l’enseignement, …   
Le travail du représentant est double. Premièrement, en collaboration étroite avec son groupe de travail, il développe et propose des pistes de réflexion concernant des sujets d’actualité dans son domaine. Lors de la préparation pour la Conférence de Cancun, nous avions par exemple décidé de nous focaliser sur trois points qui allaient être débattus lors du sommet : la diminution des émissions de gaz à effets de serre, la révision de l’article 6 de la Convention et le financement climatique. Le groupe de travail prend alors position sur ces sujets et soumet la position à l’Assemblée Générale du Conseil, composée des organisations membres et de jeunes. Fort du soutien de l’AG, le représentant diffuse ensuite le message et l’avis des jeunes à travers le pays, ou, comme dans mon cas, dans les conférences internationales. C’est la deuxième partie de sa mission. Il est le lien entre les jeunes qu’il représente et les dirigeants politiques. Dans le cas des sommets internationaux qui peuvent être relativement complexes, il ne porte pas que la voix des jeunes auprès des dirigeants, il assure aussi le chemin inverse. C’est-à-dire qu’il relaye et traduit les prises de décisions au sein de la communauté et informe les intéressés qui ne se trouvent pas sur place.

Vous faites partie d’une organisation composée en majeure partie de jeunes militants. Quelle est votre vision de l’engagement politique de la jeunesse européenne d’aujourd’hui ?

L’engagement politique des jeunes s’inscrit dans une vision idéalisée (mais nécessaire) d’une démocratie participative. Il puise son énergie dans la croyance qu’une approche « bottom-up » dans la prise de décision améliore la formulation, l’implémentation et l’évaluation des politiques publiques. La citoyenneté active est considérée comme pouvant remédier aux limites d’une démocratie représentative jugée trop éloignée de la réalité des jeunes.

La participation des jeunes prend tout son sens dans le domaine du climat et de l’environnement, où les mesures actuelles (ou l’absence de celles-ci) façonnent l’avenir des jeunes et des enfants. La crise environnementale est devenue le moteur du militantisme des jeunes qui revendiquent le droit des générations futures à un environnement sain et une société solidaire. Le leitmotiv des jeunes lors des sommets climatiques est d’ailleurs « no decision about us, without us ».

Vous étiez présent à la Conférence de Cancun en décembre dernier. Quelle a été votre perception des négociations menées lors du sommet ? Etes-vous satisfait de l’engagement politique des Etats participants ?

En tant qu’environnementaliste il est difficile d’être satisfait des résultats de Cancun. Comme la plupart  des acteurs de la société civile je considère les accords comme trop peu ambitieux et encore loin des efforts nécessaires pour faire face efficacement au changement climatique. Force est de constater que les accords contiennent nombres de contradictions et de paradoxes. La majorité des éléments repris dans les accords de la COP16 se trouvaient déjà dans l’accord de Copenhague. La présidence Mexicaine a donc réussi à nous « vendre » un accord que la communauté internationale considérait encore comme inacceptable un an plus tôt. De plus, la volonté de maintenir le réchauffement climatique à 2°C contraste clairement avec les promesses de réductions des gaz à effet de serre. 
Cependant, représenter le sommet comme un échec total ne serait pas honnête. N’oublions pas que la situation politique et économique internationale était loin d’être favorable. Nous sortions d’une crise économique sans précédent, le climato-scepticisme vivait de grands jours avec le climate-gate et autres scandales et l’administration Obama venait de perdre sa majorité dans la Chambre des représentants.  Dans ce contexte on se doit donc de saluer qu’une « vision commune » ait été trouvée entre 192 pays, ce qui est unique dans l’histoire de CCNUCC, et que le texte fait mention de responsabilité historique des pays industrialisés et d’un changement de paradigme.
La création du Fonds Vert pour le Climat, qui devra financer l’adaptation des pays en développement au changement climatique, est sans aucun doute le plus important acquis des négociations. Mais sa mise en place est entachée d’un flou artistique. Il n’est pas clair comment ce Fonds sera géré, d’où proviendront les 100 milliards de dollars par an, ni quelle place sera réservée pour la participation de la société civile. Tout récemment, la première réunion de la Commission transitoire chargée de concevoir le Fonds a déjà été reportée à la fin avril. Je suis aussi très méfiant face à l’entrée en scène de la Banque Mondiale au plus haut niveau du financement climatique. A mes yeux, c’est une contradiction de plus qui caractérise la COP16.

L’Union européenne, emmenée par la Belgique, a été présenté comme le moteur des négociations de COP16. Quelles ont été les réalisations concrètes des Etats-membres en matière d’environnement depuis la conférence?

Je ne dirais pas que l’Union Européenne ait été le moteur des négociations de la COP16. L’issue du sommet de Copenhague avait été une douche froide pour le politique climatique de l’Union. Victime du « syndrome du premier de classe » l’Europe s’était fait écarter par les grands pollueurs du fond de la classe lors de la décision finale. L’incapacité du Conseil Environnement à opter pour le passage à une réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre en novembre 2010 était un exemple alarmant de la confusion créée par cette défaite. Soucieux de ne pas revivre cette expérience, les Européens se sont tenus à carreau à Cancun et ont œuvrés dans l’ombre pour rallier d’autres à leur cause.
Pour ce qui est des réalisations par les Etats-membres, il est encore fort tôt pour en juger. Cependant, suite au rapport « Roadmap 2050 » de la Commission, le Conseil Environnement de l’Union s’est mis comme objectif de réduire de 80 à 95% ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, ce qui est un signal très positif. La Belgique a quant à elle décidée de revoir à la hausse ses ambitions pour 2020, passant de 20 à 30% la réduction de ses émissions de gaz à effet en mars dernier. Je suppose que beaucoup d’autres pays de l’Union ont déjà, ou feront bientôt le même effort. 

Pour finir, pensez-vous que l’Union européenne sera en mesure de jouer un rôle moteur lors de la conférence COP17 de Durban en novembre 2011?

Je ne suis pas très optimiste quant au leadership de l’Europe, ni même au succès de la COP17. Plusieurs éléments me paraissent être hautement instables, ce qui pourrait nuire aux négociations : la Pologne assurera la présidence de l’Union lors de la COP17, et on ne la compte pas parmi les élèves les plus assidus en termes d’ambition climatique; l’urgence créée par la fin de la première période d’engagement du protocole de Kyoto en 2012 pousse la pression à son comble, comme à Copenhague ; la création de nouveaux mécanismes de marché ou l’extension des mécanismes existant, comme l’inclusion du  programme REDD dans les mécanismes de développement propre, pourraient créer des problèmes importants entre les pays du Nord et du Sud ; le nouveau mécanisme de transfert de technologies devra être opérationnel en 2012, mais aucun accord n’a encore été trouvé sur la propriété intellectuelle ; etc. J’ai souvent lu et entendu que Cancun devait servir de passerelle pour rétablir la confiance entre les Parties et préparer le terrain pour « le grand accord climatique » qui verrait le jour à Durban. Le fantôme de Copenhague hante déjà Durban…

(Interview verschenen in Barbarie, tijdschrift van de MA Europese Politiek aan de Universiteit  Paris-Sorbonne, April 2011 – http://www.affaireseuropeennes.eu/wp-content/uploads/Barbarie.Avril.2011.pdf)

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