De community ruimte is een vrije online ruimte (blog) waar vrijwilligers en organisaties hun opinies kunnen publiceren. De standpunten vermeld in deze community reflecteren niet noodzakelijk de redactionele lijn van DeWereldMorgen.be. De verantwoordelijkheid over de inhoud ligt bij de auteur.

Interview

Le silence autour des violences policières contre les manifestants palestiniens non violents

Afbeelding
Bron: benameur_dalila
Bron: benameur_dalila
Pourquoi ne lit-on presque rien dans les grands médias sur les violences policières contre les manifestants pro-palestiniens qui protestent chaque jour à la Bourse ? Des personnes qui défendent pacifiquement les droits humains sont agressées, aspergées de gaz lacrymogène, frappées et arrêtées. "Ils sont prêts à nous faire taire à tout moment."

Chaque soir, ils sont là, à la Bourse. Des personnes qui ne peuvent rester indifférentes face au génocide en Palestine — et qui agissent, qui doivent agir. Ils pleurent ensemble, sont en colère ensemble, scandent des slogans.

Chaque fois, une autre voix prend le micro. Certaines sont déjà enrouées à force de crier. La foule, qui se rassemble soir après soir, répète les mots, les amplifie, jusqu’à ce qu’ils résonnent sur la place, se répercutent contre les façades. Et cela, chaque jour encore. Jusqu’à ce que ça cesse. Jusqu’à ce que cela cesse enfin. "Nous sommes le peuple, nous ne nous tairons pas."

Dalila Benameur est elle aussi présente chaque soir. Dalila se décrit comme activiste, militante, mais aussi journaliste citoyenne, qui documente les manifestations. Et ce qu’elle montre ne se limite pas aux personnes qui luttent pour l’humanité ; on y voit aussi les violences policières, les attaques de groupes extrémistes — sans qu’aucune mesure ne soit prise.

Ces images, ces récits, on les voit à peine dans les médias traditionnels. "Ils ignorent nos appels à l’aide", dit Dalila, venue avec Emilie à la rédaction pour pouvoir enfin raconter leur histoire ici.

"Ils ignorent nos appels à l’aide"

Dalila manifestait déjà avant le 7 octobre, mais depuis ce jour-là, elle est présente à la Bourse tous les jours. Tous les jours. Et cela, la police commence à ne plus le supporter. En plein centre-ville, au milieu des touristes, un peu trop bruyant.

Selon Dalila, la police essaie de les déplacer vers d’autres endroits. Des lieux où se tiennent aussi d’autres manifestations, ce qui permet de les refuser plus facilement. C’est l’une des nombreuses stratégies employées par les autorités pour compliquer la tâche aux manifestants.

Toujours de nouvelles règles, de nouveaux prétextes

Dalila et Emilie racontent comment, le 8 mai, un Palestinien a été arrêté avec une extrême brutalité — alors qu’il ne participait même pas à la manifestation. Il était assis sur les marches, avait applaudi, et parce que 'manifester' sur les marches était soudainement interdit, et qu’il refusait de partir — alors que les marches étaient pleines de monde — la police est intervenue.

"Ils lui ont tiré par les cheveux, ils ont écrasé sa main", raconte Dalila. "On aurait dit qu’ils allaient l’asphyxier à mort, il était tout rouge. Il pouvait à peine respirer."

Dit bericht op Instagram bekijken

Een bericht gedeeld door Ahrar Palestine 🇵🇸 (@ahrar_palestine_asbl)

Bien que les manifestants aient été en colère, ils se sont appelés eux-mêmes au calme. Ils se sont assis, dos à la police, sur les marches, agitant paisiblement leurs drapeaux, racontent Emilie et Dalila. La situation s’est apaisée. Jusqu'à ce qu’un agent arrache soudainement un drapeau de leurs mains et le jette par terre, sous prétexte qu’il l’aurait touché. Et lorsque cela a suscité de l’indignation, on leur a dit : "C’est vous qui cherchez les ennuis."

"J’ai été touchée cinq fois par du gaz lacrymogène en une semaine"

La soirée n’était pas encore terminée. Sans aucun avertissement, sans demande de se disperser ou de rentrer chez eux, une nouvelle unité de police est arrivée. Mais cette fois-ci, avec des boucliers, des matraques et du gaz lacrymogène.

Le groupe, confus, restait immobile — il ne faisait pourtant rien de particulier — quand les agents ont commencé à avancer. Des fourgons et des voitures de police tournaient autour, bloquant la vue et rendant le travail de Dalila difficile pour filmer.

Mais elle a réussi quand même. Au loin, on voit la police charger soudainement : ils frappent les gens, tiennent des chiens sans muselière, et un nuage de gaz lacrymogène envahit la scène.

"J’ai été touchée cinq fois par du gaz lacrymogène en une semaine", dit Dalila. Elle passe ses mains sur son visage et son cou. Elle décrit à quel point ça brûle — dans les yeux, au point qu’on peut à peine respirer.

Dit bericht op Instagram bekijken

Een bericht gedeeld door Dali Citoyenne Reporter 📸🔥✊️💯🎥 (@benameur_dalila)

Ce que la police qualifie de 'désescalade' ressemble en réalité bien plus à une escalade : agressions inutiles, provocations, volonté délibérée d'attiser les tensions.

"Certains policiers disent ouvertement qu’ils en ont marre de nous", explique Dalila. "Même quand on est à peine dix. Ils disent : 'Vous êtes ridicules. Vous êtes cent, nous sommes onze millions. Abandonnez.' Ils nous traitent de gauchistes au chômage. L’un d’eux m’a même crié 'Free Israël'. Ils cherchent une réaction. C’est ça qu’ils veulent."

Des agressions sans protection policière

Et ainsi, les récits sur les comportements douteux de la police ne cessent de s’accumuler. Comme cet incident à Molenbeek, où des hooligans ont attaqué des habitants d'origine arabe, envoyant un père et son fils à l’hôpital — sans que la police n’intervienne.

Et ce n’est pas un cas isolé. Il y a d’autres exemples de groupes extrémistes affichant ouvertement leur agressivité envers les manifestants. Comme ce moment où des touristes anglais sont passés en criant des slogans tels que "Gaza is a carpark". La police est rapidement arrivée à vélo et s’est placée entre les touristes et la foule. Mais les hommes ont pu continuer — sans contrôle d’identité, sans aucune mesure.

Dans le même temps, la police a profité de la situation pour interpeller des manifestants palestiniens. Ce jour-là, au total, trente personnes ont été arrêtées.

Dit bericht op Instagram bekijken

Een bericht gedeeld door Dali Citoyenne Reporter 📸🔥✊️💯🎥 (@benameur_dalila)

Les témoignages poignants ne cessent d'affluer. Emilie et Dalila racontent ainsi l’histoire d’un Palestinien arrêté sans raison apparente, après la manifestation : "Des policiers en civil lui ont demandé du feu, puis l’ont soudainement encerclé. Ils étaient là, prêts avec leurs matraques, leur gaz lacrymogène — complètement en alerte, comme s’il s’agissait d’un terroriste."

Cet homme a déjà été harcelé à plusieurs reprises par la police, contrôlé, interpellé, explique Emilie. "Une fois, c’était même après une manifestation, alors qu’il était simplement assis dans un café près de la Bourse. Ils te suivent et t’arrêtent quand tu es seul."

Il lui est maintenant interdit de manifester, sous peine de finir en prison. "Imagine ce que ça fait à quelqu’un qui a perdu sa famille", dit Dalila, visiblement émue. "Tu es impuissant, on t’a réduit au silence."

"Ils veulent semer la peur", poursuit-elle. "Pour que plus personne n’ose venir. Et le pire, c’est que ça fonctionne : beaucoup de Palestiniens n’osent plus venir à la Bourse, par peur d’être arrêtés. Ils se demandent : où sont nos droits ?"

Comment connaît-il mon prénom ?

Dalila sait elle aussi qu’elle est dans le viseur de la police. "Je suis une des manifestantes toujours présentes, et ils veulent que tout cela s’arrête. Ils veulent détruire le mouvement. C’est pour ça qu’ils ciblent les personnes en tête."

"On est constamment surveillés. Ils nous filment pendant les manifestations, prennent des photos et des vidéos tous les jours. Ils regardent aussi toutes nos stories Instagram." Elle montre les comptes privés de policiers qu’elle connaît, reconnaissables à un émoji de police dans leur bio, et qui visionnent ses publications.

"Des policiers qui suivent nos stories Instagram"

Ils ne cherchent même plus à cacher leur surveillance. Au contraire. Emilie raconte qu’elle parlait avec un policier quand quelqu’un s’est interposé. Le policier lui a alors dit : "Laisse-moi parler avec Emilie." Et là, elle s’est demandé : comment connaît-il mon prénom ?

À Dalila, il a dit : "Je sais que ton rêve, avant, c’était de devenir policière. Ta maman de cœur est flic, non ?" "J’ai eu l’impression qu’ils avaient disséqué toute ma vie", raconte Dalila. "Comme si j’étais une criminelle. Alors que — regarde ce qu’on fait : on défend les droits humains. On agite des drapeaux. On se tient sur des marches."

Dit bericht op Instagram bekijken

Een bericht gedeeld door Dali Citoyenne Reporter 📸🔥✊️💯🎥 (@benameur_dalila)

Où sont les médias ?

Pendant ce temps, les politiciens et les grands médias restent en grande partie silencieux, racontent Emilie et Dalila. "Nous manifestons chaque jour, mais les médias ne viennent que lorsqu’il y a des confrontations ou quand une figure politique se montre. Le reste du temps, ils sont absents. Nos appels à l’aide sont ignorés."

Même ceux qui disent soutenir la Palestine ne font rien pour les Palestiniens ici — des personnes qui se font agresser, gazer, frapper et arrêter.

Ils sont prêts à nous faire taire à tout moment

"Et pendant ce temps, la police continue de prétendre qu’elle représente la justice et l’ordre. Mais qui défend vraiment les droits humains ? C’est nous. Et qui respecte réellement la police ? Les règles du bourgmestre Philippe Close — qui dit être du côté de Gaza, qui envoie des colis alimentaires, mais qui autorise en même temps sa police à nous frapper, à nous gazer, à nous arrêter. Ils sont prêts à nous faire taire à tout moment."

"Mais nous, on reste. Nous ne nous tairons pas. Car qu’est-ce qu’une heure de protestation face à 24 heures de génocide ? Nous avons le droit d’être ici. Chaque jour encore."

Tous les jours à 19h à la Bourse.

Vandaag op de hoogte van de wereld van morgen?