Een nationale, maar vooral menselijke rouw

Een nationale, maar vooral menselijke rouw

maandag 19 maart 2012 12:43
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Zoals velen was ook ik geschokt door de berichtgeving van Le Monde over het busongeluk in Zwitserland (http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/03/14/accident-de-car-la-belgique-de-nouveau-bouleversee-par-la-mort-d-enfants_1669000_3214.html). Ik stuurde derhalve op vrijdag 16 maart – de dag van nationale rouw – onderstaande reactie naar de redactie van de Franse krant. Zij oordeelde echter dat mijn tekst niet paste in het format van haar vrije tribune. Hoewel dat oordeel zeker gegrond is, wilde ik de gratuïte beweringen van Jean-Pierre Stroobants toch niet zonder meer laten passeren. Daarom vertrouw ik mijn reactie toe aan deze blog.

Un deuil national, mais surtout humain

Dans son article sur le drame de l’autocar belge en Suisse, Jean-Pierre Stroobants (Le Monde, 16 mars)croit savoir que les émotions fortes en Belgique sont inspirées par le traumatisme que l’affaire Dutroux a provoqué. Une telle suggestion me semble tout d’abord reposer sur une espèce de psychologie de masse sensationnaliste et sans fondement. Comment, en effet, peut-on s’exprimer sur des sentiments collectifs sinon en menant des enquêtes bien construites à large échelle, ou en récoltant une grande quantité de références dans les médias qui pointent dans cette direction ? Or, Stroobants ne se réfère à rien de tel. Sauf scientifiquement erronée, cette suggestion me semble aussi moralement détestable. Elle déshonore les sentiments profondément humains qui sont provoqués par un accident inimaginable qui vient de bouleverser cruellement au moins une cinquantaine de familles (en premier lieu, bien sûr, celles qui sont en deuil pour un proche décédé, mais aussi celles dont le proche a survécu) et les communautés qui les entourent. Si ces sentiments sont éprouvées plus fortement en Belgique qu’ailleurs, cela provient entièrement du fait que, même dans un contexte soi-disant ‘post-national’, l’état-nation reste une ‘communauté imaginée’ qui partage, à travers ses circuits de communication, aussi bien les joies et les douleurs. Même dans l’état Belge, ou deux communautés culturelles sont en train de se séparer mentalement, cette solidarité nationale joue d’une façon très forte – les médias francophones mettant le drame en exergue aussi intensément que leurs corollaires flamands. Cette solidarité nationale n’est qu’une version condensée d’un sentiment universel. J’ose espérer que les réactions seraient égales dans tous les pays ou des familles seraient frappées d’une façon pareille par le sort – qu’il ne faut pas, en d’autres termes, avoir connu un Dutroux pour partager dans le deuil de gens qu’on ne connaît pas. Les réactions sincères et réconfortants  qui sont venu de toutes les parties du monde m’assurent que je ne me trompe pas.

Ce qui rend ce deuil tellement différent de celui autour des victimes de Dutroux, c’est évidemment l’absence de culpabilité. S’il peut y avoir une forme de culpabilité dans cet accident, c’est au maximum (et jusqu’à présent on ne le sait même pas) une seconde de distraction ou une fausse manœuvre. Il s’agit, donc, de choses qui peuvent arriver à nous tous. Simplement faire référence à Marc Dutroux dans ces circonstances me semble déjà attester d’une insensibilité envers la famille du chauffeur qui conduisait l’autocar. Sans doute, cette famille est confrontée en ce moment non seulement avec un deuil intense, mais aussi avec des sentiments de culpabilité sans fondement, mais très réels.

En écrivant ces lignes, je ne veux pas nier que l’affaire Dutroux a laissé des traumatismes collectifs en Belgique, ni que ces traumatismes y influencent les réactions sur tous les événements où des agressions volontaires ou des négligences criminelles envers des enfants sont impliquées. Mais ils ne jouent aucun rôle dans le deuil national qui se montre aujourd’hui.

Marnix Beyen

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